Le Social Club

Du 02 février, 2022 au 28 mars, 2022

dans la lingerie – la buanderie

Tiers-Lieux Solidarité Insertion sociale et professionnelle Politique

Les métiers à tisser des liens

Contexte :

Comme le souligne le rapport d’accompagnement scientifique issu des travaux du LabAccès relatifs à l’accès aux droits dans un contexte de dématérialisation des démarches, un des objectifs du Gouvernement est que 100% des services soient dématérialisés d’ici 2022. Ces directives politiques sous couvert de simplification semblent au contraire être un facteur de multiplication des inégalités. Les interfaces numériques étant devenues une étape obligatoire de l’accès aux droits (y compris la prise de rendez-vous médicaux etc….), cela implique pour les individus de posséder le matériel et les compétences numériques. À présent, il relève de la responsabilité de chacun de répondre aux exigences des démarches et des interfaces, toujours en évolution, afin de ne pas s’installer, de façon ponctuelle ou durable dans des difficultés pouvant mener à l’abandon des démarches ou encore à la rupture de droits. Alors que la plupart des guichets ferment, que de moins en moins de services proposent un accueil physique, il reste de nombreuses personnes qui ne sont pas en mesure de répondre à ces exigences. En effet différentes études révèlent que 36% de la population française se dit inquiète lors de démarches en ligne (CREDOC), que 12% abandonnent en cours de démarche et que 33% pensent qu’un accompagnement personnel ou collectif dans un lieu dédié, autre que le lieu de travail serait le plus adapté pour mieux maitriser les usages numériques. Nous pensons également, dans un contexte de crise sanitaire, à la fracture numérique éducative et aux personnes en situation d’isolement social dont les liens sociaux dépendent parfois d’une connexion internet. Nous avons noté que l’isolement constitue un important facteur d’exclusion numérique et d’abandon face aux difficultés, c’est pourquoi nous proposons, entre autre, par le biais d’un tel projet/lieu, de favoriser et participer au développement social local, d’être un tiers aidant, un médiateur social et numérique.   Face à l’hétérogénéité des besoins non satisfaits et des situations pouvant conduire à des inégalités sociales et numériques, notre ambition est de porter un projet à la croisée du fonctionnement des services institutionnels déjà existants (sans se substituer à eux, il ne s’agit pas d’ouverture de droits) et d’un lieu de convivialité (bistrot, PMU), avec pour objectif principal de réunir en un seul et même lieu des ressources humaines et techniques afin de prévenir les risques de non recours et/ou de rupture de droits, d’accueillir et de soutenir les personnes dans leurs démarches dans un lieu ouvert à tous.

En quelques mots …..

Manuel et Juliette se rencontrent à Toulouse à la fin des années 90, ils sont alors actifs dans des lieux artistiques autogérés et au sein de compagnies de spectacle vivant. Juliette travaille comme animatrice avec l’association Salto Brank à La Grainerie lieu de création, de résidence, de diffusion et d’animation socio-culturelle autour de la pratique du cirque et du spectacle vivant et suit une formation théâtrale avec l’Espace Vide. Manuel travaille avec l’Agit, compagnie de théâtre itinérante, dont le siège est basé également à la Grainerie. Par ailleurs ils vivent au sein d’un collectif cogéré par ses occupants et l’association Pact-Arim (aujourd’hui Soliha), cette expérimentation sociale et humaine s’est avérée riche d’enseignements. Manuel et Juliette ont depuis ces 27 années nourri des centres d’intérêts et une culture en commun. C’est début 2020 qu’ils rencontrent Émilie via un groupe dédié au troc, à l’entraide et au partage sur un réseau social. Ils se retrouvent  très vite autour de questions, d’idées, de valeurs et d’expériences communes. La suite ils sont en train de l’écrire jour après jour.

Émilie

Je travaille dans le secteur social depuis 1998 et suis éducatrice spécialisée diplômée depuis 2008. J’ai très vite été intéressée par la question des différents vecteurs que l’on peut utiliser dans l’accompagnement éducatif et social et ai notamment rédigé mon mémoire de fin de formation sur la question de la Culture comme vecteur d’insertion sociale. J’ai depuis travaillé dans différents types de structures, plus particulièrement dans les secteurs de l’insertion pour les jeunes adultes et de la protection de l’enfance. J’ai également fait partie de différentes associations/collectifs, militants et culturels. De ces différentes expériences est issue ma conviction que l’accompagnement social est à ré-explorer en sortant des frontières des systèmes institutionnels classiques, qu’il se situe à la croisée de nombreux champs : culture, insertion professionnelle, partage de savoirs et connaissances, lutte contre l’isolement social… Le concept de tiers lieu me semble parfaitement correspondre à ce besoin de réinventer l’accompagnement social et éducatif en créant un lieu où il serait possible, à partir des envies et besoins des gens, d’expérimenter, de proposer divers types de supports (ateliers, groupes de paroles, création d’un lieu de rencontre et d’échanges…) afin de créer du lien social et aussi de soutenir et accompagner les personnes en fonction de leurs besoins.

Juliette

Initialement aide-soignante de formation et âgée de 47 ans, je suis arrivée à Rennes en 2014. J’ai repris des études puis obtenu le diplôme d’État d’assistante de service sociale en 2018, j’ai depuis, exercé au CHU comme assistante socio-éducative puis dans la protection de l’enfance au sein du Département 35. Active depuis la fin des années 90 au sein d’associations, de collectifs et de lieux socio-culturels dans le sud de la France, j’ai également une formation dans le théâtre et le spectacle vivant et j’ai pu participer à l’organisation de nombreux évènements socio-culturels. Dans la continuité de ce parcours et de ce que j’ai observé tout long de ces expériences qu’elles soient professionnelles, associatives ou personnelles, a cheminé l’idée de mettre en œuvre de façon collective un projet de tiers lieu, convaincue qu’il est possible de faire des ponts entre le social, la culture, milieu alternatif et institutionnel.

Manuel

J’ai 47 ans et je suis installé à Rennes depuis 2011. Avant de me poser en Ille et Vilaine, j’ai longuement exercé le métier de technicien pour diverses compagnies de spectacle itinérantes.

Depuis, j’ai travaillé 4 ans comme soignant au sein d’un EHPAD puis au CHU de Rennes.

J’ai par ailleurs, durant ces dix dernières années, obtenu un CAP de menuisier et travaillé pour l’industrie comme intérimaire.

Je milite au sein d’un réseau de collectifs associatifs, artistiques et humanitaires.

Fort de ces expériences et de ma polyvalence c’est naturellement que mon intérêt s’est porté plus particulièrement sur les tiers lieux et de nouveaux modes de faire société, c’est pourquoi dans la continuité je souhaite participer à la création d’un projet avec une accointance entre l’action culturelle et l’action sociale.

Présentation du projet :

Un lieu/Café/Espace en milieu rural dont les utilisateurs pousseraient la porte comme celle d’un café mais où ils trouveraient une autre forme d’accueil, d’utilité et une diversité d’offres de services (design de services) dont ils seraient aussi porteurs et acteurs. Les objectifs principaux seraient, de favoriser les échanges intergénérationnels, ainsi qu’entre les acteurs locaux (associations, entreprises…), les élus et les habitants du territoire, de proposer un soutien, une écoute, un accueil inconditionnel pour tous les publics et ainsi soutenir le développement socio-culturel au sein d’un espace de convivialité et de co-working porteur de mixité sociale et favorisant les liens.

Ce lieu co-animé/cogéré par la collectivité territoriale, les salariés (porteurs de projet), les utilisateurs et dont l’état d’esprit s’inscrirait à la frontière d’un bistrot (PMU) de campagne, d’un service social de proximité et d’un espace de co-working serait un espace partagé où chacun pourrait proposer des projets, s’exprimer. On pourrait y boire un verre, travailler, lire le journal, s’informer sur les initiatives et les entreprises locales, se restaurer, acheter des produits locaux (anti gaspi, prix solidaires), se rencontrer, être accompagné, encouragé ou orienté dans certaines démarches administratives, ou encore d’insertion.

Il comprendrait un micro espace de co-working, un espace de restauration bar (à soupes), une épicerie sociale et solidaire (circuit court, anti gaspi), un espace dédié à des activités de loisirs (ciné-club par exemple), de création, d’échange, de débats, de récupération et de réemploi, d’échange de savoirs (atelier), nous souhaiterions également, sans se substituer aux services sociaux déjà existants, mettre à disposition des utilisateurs du lieu, un bureau dédié au soutien administratif, numérique et social avec l’accès à un ordinateur et une imprimante notamment.