Tremblements de langue(s)

Du 06 septembre, 2022 au 09 novembre, 2022

dans la vigie - le grenier

Arts et cultures Education Populaire

La collecte

On a besoin de vous! Pour découvrir et soutenir le projet, c’est par ici: https://www.kengo.bzh/projet/4015/tremblement-de-langues

Horaires d’ouverture publiques

Lors de cette résidence se forme un lieu commun que nous nommons: LA BOCA, la bouche en espagnol, espace ouvert et rempli de langues, que nous souhaitons rendre accessible aux visiteurs.euses, curieux.es, amies et amis d’amies qui voudraient venir échanger des paroles et des idées, peindre, enregistrer des sons, faire des livres ou juste se poser un moment dans les gros canaps. N’hésitez pas à passer nous voir!


Mercredi 12 octobre – de 14h à 18h30 : Grande ouverture officielle de La Boca
Jeudi 13 octobre – de 10h à 18h : Temps ouvert et participation à la réalisation d’une fresque avec Alice Bertrand
Mercredi 19 octobre – de 14h à 18h : Temps ouvert et participatif de reliure avec La Liebre Dorada sur l’ouvrage Où est ta langue? [Complet]
Jeudi 27 octobre – de 14h à 18h : Temps ouvert et participation au finissage de la fresque
[Hors les murs] Samedi 29 octobre : soirée de soutien Tremblements de langues au Papier timbré (39 rue de Dinan) avec un concert de Nayan Samba Jazz à 21h
Vendredi 4 et Samedi 5 novembre : Ouverture tous publics 10h-18h

Calendrier d’accueil de groupes

Jeudi 6 octobre – 8h-10h: Atelier avec une classe UPE2A du Collège Anne de Bretagne
Jeudi 20 octobre : Atelier avec une classe UPE2A du Collège du Landry (à confirmer)
Mercredi 26 octobre :
Visite Par Tout Artiste

Le projet (sur le bout de la langue)

L’Imprimerie Nocturne et La Liebre Dorada s’associent pour un projet commun autour des langues : Comment s’articulent des questions de traductions ? Quel rapport entretenons-nous aux langues maternelles, aux langues étrangères ? Quelle place pour les langues dans des sociétés cosmopolites ? Arrivons-nous à entendre celles, en apparence, minoritaires ?
C’est autour de cette thématique que s’ouvrent deux projets de publications, qui n’auront pas pour vocation à rester figés : il s’agira de lectures, d’ateliers autour de nos pratiques (édition manufacturée, illustration, écriture), de temps forts qui inviteront à la réflexion, à la rencontre et à la sensibilité. Des livres qui prendront place dans les territoires où ils ont été créés, avec un séjour se nourrissant de l’Hôtel Pasteur en y faisant sa propre cartographie, y développer des ateliers, et qui inviteront tout un chacun à participer au projet.

Qui sommes-nous ?

Association rennaise, l’Imprimerie Nocturne développe depuis 2016 autour de son site internet diverses activités : édition d’ouvrages collectifs, animations d’ateliers, organisation d’événements, expositions. Collaborant et/ou adhérant avec différentes structures locales, son travail oscille entre journalisme et création artistique, avec pour fils rouges la pluralité, l’implication et la vulgarisation.

Après deux ans d’une revue trimestrielle papier et deux numéros qui déclinent l’alphabet sous formes thématiques, l’Imprimerie poursuit ses explorations et collaborations avec le même objectif : aiguiser la curiosité.

imprimerienocturne.com/

La Liebre Dorada est un projet éditorial cartonero qui se déplace constamment entre la Bretagne, la France et l’Amérique Latine. La structure édite des livres d’auteurxs argentinxs et chilienxs, en trois langues : le français, le breton et l’espagnol, et illustrés par des artistes rennais.es. Pensée entre La Plata et Rennes en 2018, elle compte aujourd’hui 10 titres publiés.

Inspirée par la philosophie et les pratiques éditoriales cartoneras d’Argentine et d’Amérique Latine,  La Liebre cherche à tisser des liens locaux pour collecter son matériel (le carton) ; à ouvrir le processus de fabrication à la communauté dans le but de transmettre des envies et des techniques ; à chercher des moyens de diffusion des livres démocratiques et ouverts (lectures et ventes dans la rue, les marchés, les bars, les centres culturels, à la campagne et en ville, pdfs gratuits, et instructions pour fabriquer son livre en ligne).

La Liebre envisage l’édition comme un dispositif qui met en relation un espace et une communauté de personnes. Elle propose des ateliers d’édition communautaire. Envisageant le livre comme un acte, l’atelier d’édition devient un espace de rencontre qui connecte l’individuel et le collectif, le geste et le récit, l’action et la transmission.  Chaque atelier est imaginé à partir de la spécificité du lieu et du groupe à partir de la création d’une situation singulière, faisant de La Liebre, une fabrique de situations.

laliebreeditions.wordpress.com/

Première semaine

On prend nos marques : on amène nos meubles, nos outils, nos matières, nos premières idées.
On teste des aménagements, des circulations, des articulations entre les espaces et les pratiques de chacun.e.
Il y a un espace dédié au son et à la photo.
Il y a un espace salon avec des livres et un mur d’affichage de fragments de récits, de poèmes, de mots, etc.
C’est un mur en expansion.
Il y a un espace bureau où Ismaël et Marie K travaillent sur la maquette de la revue L comme Langues de L’imprimerie nocturne.
Il y a un espace édition cartonera où Marie A coupe du carton pour les couvertures des prochains livres.
Il y a la grande table centrale où on se réunit, où on discute beaucoup, où on découpe beaucoup, où on accueille les visiteureuses.
On a pensé les murs :
Un mur pour la fresque ouverte d’Alice.
Un mur pour la cartographie de Pasteur, notre carnet de bord et nos rencontres.
Un “mur des copistes” où on invitera les visiteureuses à copier des citations piochées dans la bibliothèque.

Deuxième semaine

On planifie : on fait des plannings de rencontres, d’ateliers ( avec des collégien.nes UPE2A, des collégien.nes d’art plastique, un collectif d’habitantxs du Blosne, l’association DIDA, pour le moment).
On image des protocoles d’ateliers qui articulent nos différentes pratiques.
On organise une session d’autoformation entre nous pour s’apprendre mutuellement nos savoir-faire, et pour pouvoir accueillir les visiteureuses et leur proposer toutes les activités quand certain.es ne sont pas là.
On imagine une signalétique dans l’espace : on nomme des pôles, on rédige des tutos pour les visiteureuses.
Marie K et Ismaël travaillent toujours sur la maquette de la revue.
Ismaël crée un visuel pour notre résidence à Pasteur et pour pouvoir communiquer sur nos activités et les ouvertures au public.
Marie A a créé une nouvelle collection pour les éditions La Liebre : collection Les copistes. L’idée est d’expérimenter “l’écriture sans écriture”, de recopier des citations de livres autour des langues qu’elle lit pendant le temps de la résidence à Pasteur, et d’en éditer des mini-livres pour disséminer, faire circuler et mettre en relation ces idées et ces formes dans Pasteur, et hors Pasteur. Les couvertures sont fabriquées avec les flyers et les affiches périmées de Pasteur, les déchets et les brouillons de l’edulab. Elle souhaite mettre en place le “mur des copistes” où elle invitera les visiteureuses à recopier les mini-livres, tels des moins copistes païens du XXIe siècle. Cela fait partie de ses recherches sur les pratiques et figures de scribes, copistes, glaneureuses, etc.
Alice commence sa fresque. Louis est venu couper du carton.

Troisième semaine

Les espaces ont été nommés, avec leurs petites fiches tuto, et sont regroupés sur un plan : bienvenue dans La Boca. Enfin, bienvenue en octobre, nous ne sommes pas tout à fait opérationnel·les.
Les recherches pour la fresque se poursuivent; Cyrille est venu nous aider à nettoyer les murs et a apporté une plante verte.
Nous avons testé différentes casseroles de l’espace cuisine pour cuisiner des pâtes à la tomate.
Grand moment : le studio s’est paré de son matériel audio, et de lumières pour la zone d’expérimentation photographique. Sarah a suspendu un rideau occultant, présenté la fonction lumière rose et les branchements du micro. Un deux, un deux ? Pasteur nous recevez-vous ?
Marie A. a continué à relier des livres et travaillé sur les dossier d’accueil des scolaires ; Marie K. a commencé à rencontrer des hôtes et pensé à la cartographie qui sera globalement podcastée tout en s’empêtrant dans les fils du micro cravate ; Ismaël a été enchaîné à l’ordinateur et aux logiciels de graphisme. Il faudra songer à le dénouer comme nos langues avant la semaine 49.
Nous avons reçu un peu plus de visites : une délégation d’élèves en master MOUI (Maîtrise d’Ouvrage Urbaine et Immobilière) qui nous ont laissé en compagnie de points d’interrogation, des visiteureuses errant au 3e étage, d’autres hôtes des étages inférieurs. Une bande de monstres a été suspendue avec des pinces à linge : nous avons hâte que leurs histoires soient racontées. La nuit, peut-être hantent-ils les sous-sols de Pasteur dans lesquels nous avons peur de nous perdre ?

Quatrième semaine

L’espace évolue d’heure en heure pour ouvrir publiquement la semaine prochaine. Des rencontres ont eu lieu, avec Kokowonok chambre 237, avec l’équipe du festival Haut parleuses qui se tiendra à Pasteur le 1er octobre, et avec Jean-Baptiste André, circassien qui occupe la grande loge. Mardi, nous avons déjeuné avec la structure La Cloche qui accompagne les sans-abri et personnes en situation de précarité; nous avons partagé des fajitas et des mousses au chocolat. Merci à ell·eux pour ce moment d’échange et pour la préparation.
Cet après-midi, ce sont surtout les pinceaux qui s’agitent au rythme d’un album de Lamont Dozier. D’étranges plantes commencent à envahir le mur de la fresque. Ismaël, perché sur un escabeau, écrit en arabe Al-mi’raj au mur. Une bouche se dessine à l’entrée. Marie A. a fabriqué une superbe boîte de collecte peinte en noir, et Sarah a préparé des petits cartons avec des points d’interrogation : et vous, quelle est votre insulte préférée ?
Nous avons descendu nos poubelles, sans nous perdre dans les souterrains. Nous en sommes content·es.

Cinquième semaine

Dans Pasteur, ça résonne beaucoup. Quand nous empruntons les couloirs, et l’escalier monumental ça
résonne, les rires, les gens qui partent, ceux qui arrivent, les interpellations, les discussions, les coups de
téléphone. Dring, dans notre espace, ça résonne. Il y a un écho, mais un peu moins que dans La Grande
Loge dans laquelle répétait jusqu’ici Jean-Baptiste André.
La semaine dernière, Marie K. racontait à Sarah S. que La Boca était une sorte de navire, qui pourrait
prendre le large. Nous avons déployé une grand voile dans le studio et remué nos langues. Mais le bateau
n’a pas pris la route espérée, nous avons failli perdre un mousse durant une tempête essuyée au large des
côtés d’utopia. Il faut dire que nous sommes sous les toits, nous n’étions donc pas à l’abri de nous ramasser
quelques tuiles.
Mercredi midi, Marie A. a changé les lames des cutters, et entonné le refrain de plusieurs chants de Haute
Bretagne : bonjour l’ambiance au 3ème étage. On a coupé, on a mis la radio, on a eu droit à une reprise de
« Eye of the tiger » au banjo. Le navire, c’était pas vraiment la croisière s’amuse. Puis, jeudi matin, une
classe UPE2A est venue pagayer avec nous. D’un coup, l’espace a résonné ; dans d’autres langues. Du
russe, de l’arabe, du pachto, de l’anglais, de l’espagnol, et puis des histoires inventées, des petits carnets
fabriqués par de petites mains, des motifs sur les murs de l’entrée. Tout a soudain repris une autre
dimension, un autre cap, on a hissé la voile un peu plus haut.
Cette semaine, l’installation Fleur a embaumé la Grande galerie de l’Hôtel Pasteur; les parfums sont un
excellent support pour le souvenir. Peut-être aussi pour le goût. On a hésité à mâcher quelques fleurs
séchées, on s’est abstenu, on a eu peur que ça ressemble à du carton, on a juste gardé le parfum des fleurs.
Et le claquement des langues qui ont résonné avec nous.


Sixième et septième semaine

La tempête a soufflé plus fortement sur la Boca. L’équipage a failli perdre deux de ses membres, touchés par une langue COVID. Les remous techniques ont aussi failli emporter un ordinateur avec les bourrasques. Il a fallu arrimer nos langues aux murs pour ne pas couler. La peinture par contre, a continué de couler sur les murs qui s’habillent au fur et à mesure d’inscriptions, dans plusieurs langues, et surtout la fresque avance à grands pas.

Le mur de la cartographie a été enrichi par les rencontres faites sur place, et d’un safari photo dans le bâtiment par Sarah Salem, et tirées ensuite en cyanotype.

La Boca a accueilli une nouvelle classe UPE2A, ainsi qu’un atelier reliure dont les petites mains ont permis de réaliser les premiers exemplaires cartonero Où est ta langue ? de La Liebre Dorada. Nous avons aussi accueilli des enfants de Par Tout Artiste avec différents ateliers.

En fin de semaine sept, nous devons fêter nos publications au Papier Timbré avec un concert de Nayan samba jazz. Mais un retard de livraison nous fait tenir le suspense jusqu’au bout : L comme langues sera-t-il là à temps pour les dérouler ?

Il a aussi fallu poursuivre nos explorations du bâtiment, et ce qui devait arriver arriva : nous avons failli rester coincé dans les sous-sols pour une banale histoire de descente de poubelles. Les voies de Pasteur et de son ascenseur magique sont impénétrables. Il serait temps de dessiner un plan et nous munir d’une boussole.